vendredi 29 avril 2011

Vienne à New York


Gustav Klimt, Two Girls with an Oleander, ca.1890-92

New York a cette chance immense d’abriter un petit musée amoureux des arts plastiques et décoratifs de l’Allemagne et de la Sécession Viennoise.
La Neue Galerie, installée dans une magnifique demeure de la Cinquième Avenue construite pour Cornelius Vanderbilt par Carrière et Hastings, présente jusqu’au 27 juin 2011 la très belle exposition « Vienna 1900 : Style and Identity ».

Ambitieux, les commissaires de l’exposition entendent présenter la culture viennoise du tournant du siècle dans son ensemble, à travers un kaléidoscope de peintures, sculptures, dessins, mobilier, vêtements, bijoux, affiches…  Ces différents supports d’expression artistique se côtoient et se donnent la réplique dans différentes salles thématiques dont chacune constitue à elle seule une véritable petite exposition autonome.
On en retiendra deux, pour la force de leur sujet et la beauté des œuvres qui l'illustrent. 
La première, qui ouvre l’exposition, est consacrée à l’influence de la médecine et de la psychanalyse sur les peintres viennois du début du XXème siècle. Sous le regard sceptique de M. Freud lui-même, peint par Max Oppenheimer an 1909 et emprunté pour l’occasion au New York Psychoanalytic Society and Institute, un divan invite le visiteur à s’accorder une minute de repos ou de contemplation. Allongé dans ce somptueux salon, on admire à loisir les personnages d’Egon Schiele dont la peau n’est plus qu’un voile laissant apparaître les plus profondes vérités du corps, ou les autoportraits de Richard Gerstl qui semblent révéler l’essence de son âme.

 Egon Schiele, Portrait of the painter Karl Zakovsek, 1910

La deuxième galerie, consacrée aux femmes, propose une réflexion sur l’évolution de leur place au sein de la société de l’époque, et sur l’ambivalence des sentiments que suscite chez les peintres sécessionnistes -uniquement des hommes- cette ébauche d’égalité et de modernité. On y rencontre Serena Lederer portant une robe délestée de tout corset, peinte par Klimt en 1889 ; ou encore, du même artiste, la célèbre Adèle Bloch-Bauer qui semble faire face effrontément à une jeune beauté viennoise du peintre Hans Makart, symbole de la Vienne pré-moderne contre laquelle Klimt, Schiele ou encore Kokoschka avaient initié une révolution culturelle.

Gustav Klimt, Portrait of Serena Lederer, 1899

Après une telle concentration de chefs-d’œuvre, on en vient à regretter que Vanderbilt ne se soit pas fait construire une plus vaste demeure, pour que cette délicieuse exposition se prolonge encore de quelques salles. Mais qu’importe, on se consolera en sirotant un onctueux chocolat chaud au milieu des réconfortants lambris du mythique Café Sabarsky qui occupe le rez-de-chaussée de la Neue Galerie.

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