lundi 23 mai 2011

The Philadelphia story



The Philadelphia Story, film de George Cukor sorti en 1940, met en scène le remariage d'une socialite, interprétée par Katharine Hepburn, avec un homme d'affaires en vue. Le tabloid Spy s'intéresse de près à cette union et un de ses employés, qui n'est autre que le premier mari de la future épouse, s'est arrangé avec le magazine pour assurer la couverture de l'événement à deux de ses journalistes. Le mariage aura donc lieu sous les yeux de trois invités surprise, qui ne vont pas se contenter de capturer l'événement, mais vont par leur présence le bouleverser du tout au tout.

Pas d'indiscrétions ni de remariage pour nous ce week-end, simplement un petit séjour à Philadelphie, fait de belles découvertes historiques (Liberty Bell, Independance Hall, Germantown et la "White House" de George Washington), esthétiques et architecturales (l'université Wharton, la très ancienne et très lumineuse Christ Church), ou encore gastronomiques (le fameux cheesesteak de Gino, et la satisfaction de manger du Philadelphia -le cream cheesse- à Philadelphie !).






vendredi 20 mai 2011

Chinatown



jeudi 19 mai 2011

New York à l'écran

New York est une star de cinéma. Second centre de production cinématographique aux Etats-Unis après Hollywood, elle est l’épicentre de bon nombre de mes films favoris, qui ont contribué à mon irrésistible désir de la rencontrer, de la découvrir, de l’aimer.

La romantique
New York, théâtre de l’errance, de la solitude, puis de la rencontre de deux âmes.

Breakfast at Tiffany’s, de Blake Edwards, 1961
Qui n’a pas en tête cette image d’Audrey Hepburn, dans sa petite robe noire Givenchy, croquant dans son croissant devant les vitrines du légendaire joaillier de la Cinquième Avenue ?
Pour revivre la scène, on s’offre une viennoiserie chez un marchand ambulant et on file le déguster à l’angle de la 57ème rue.



An Affair to Remember, de Leo Mc Carey, 1957
Les deux héros que tout oppose traversent l’Atlantique en bateau, un trajet suffisamment long pour leur laisser le temps de tomber amoureux. Ils se donnent alors un rendez-vous -manqué- six mois plus tard au sommet de l’Empire State Building.
On les imite en s’armant de patience et en grimpant les 90 étages de ce symbole new-yorkais qui offre une vue inégalée sur Manhattan.



Manhattan, de Woody Allen, 1979
Un des plus beaux Woody Allen. On se souvient de la jeune Mariel Hemingway, au sommet de son charme, esquissant un sourire lorsque Woody Allen lui fait remarquer au MoMa qu’elle parle comme la souris de Tom & Jerry. On se rappelle également de Woody Allen et Diane Keaton dissertant au beau milieu de la nuit sur un banc de Battery Park, face au Queensborough Bridge.
De manière générale, la plupart des films du réalisateur glorifient New York, ville qu’il idolâtre et dont il ne peut se passer : Annie Hall, le plus new-yorkais de tous, Meutre Mystérieux à Manhattan, enquête policière amateur dans les rues de la grosse pomme, Hannah et ses sœurs, à la gloire de l’Upper West Side, ou encore le plus récent Whatever Works qui s’autorise une vision plus touristique de New York vue à travers les yeux d’une Américaine du Sud.



Sue Perdue dans Manhattan, d’Amos Kollek, 1997
Lorsque Sue perd son emploi de secrétaire, elle sombre peu à peu dans une profonde déchéance mais s’acharne à sauver les apparences. Ses errances ont pour théâtre Manhattan, dont l’anonymat ne fait que renforcer sa solitude. Elle tend les bras, se lie à des inconnus pour un soir sans lendemain… Lorsqu’un soupçon de lumière entre dans sa vie, en la personne d’un reporter bienveillant, son orgueil la conduit irrémédiablement du côté du désespoir.




La décadente
New York la sombre, la nocturne, l’inquiétante

Taxi Driver, de Martin Scorsese, 1976
Avant de se délocaliser à Boston pour son dernier film Les Infiltrés, Scorsese a eu l’occasion de démontrer à maintes reprises son attachement à la ville qui ne dort jamais.
Dans Taxi Driver, le jeune De Niro crée sa légende et contribue à celle de New York : à travers les yeux de Travis Bickle, ancien marine du Vietnam insomniaque reconverti en chauffeur de yellow cab, on découvre une ville sombre, corrompue, décadente, que le héros a décidé de nettoyer.
New York occupe également le devant de la scène dans les films New York New York, ou Gangs of New York.


Il Etait une fois en Amérique, de Sergio Leone, 1984
David Aaronson, dit « Noodles », revient à New York au crépuscule de sa vie. Il se souvient alors de son enfance dans le Lower East Side, quartier ghetto des immigrants entassés dans les tènements, il se rappelle le trafic d’alcool, la prohibition, les meurtres, la violence de la rue… Si quelques scènes du film ont été tournées à l’étranger -notamment à la Gare de l’Est-  l’essentiel se déroule dans un Lower East Side redécoré façon années 1930.
Le très émouvant Tenement Museum propose des visites guidées du quartier et d’un de ses bâtiments, ancien immeuble de rapport du XIXe siècle où s’entassaient des familles entières d’immigrants dans de minuscules pièces insalubres.



Le Parrain, de Francis Ford Coppola, 1972
Les Corleone sont une des cinq grandes familles de la mafia new-yorkaise. Don Vito Corleone, le parrain de ce premier opus, refuse une association avec la famille Tattaglia dans le trafic de drogue pour conserver ses précieux appuis politiques. Cette décision, désapprouvée par son fils Sonny, conduit à des représailles en série au son de la musique inoubliable de Nino Rota.
Les scènes du Parrain tournées à New York occupent le quartier du Lower East Side –la 6ème rue, entre les avenues A et B ayant été reconstituée par des décorateurs pour correspondre à son image du début du XXe siècle- mais aussi bien entendu Little Italy et la fameuse Mulberry Street : au numéro 264, la St Patrick’s Old Cathedral, qui fut jusqu’en 1879 la principale église catholique de la ville, sert de décor au baptême du fils de Sonny Corleone (joué par Sofia Coppola bébé !), et on y retrouve De Niro et Harvey Keitel y échangeant des messes basses peu chrétiennes dans Mean Streets de Scorsese. Au numéro 176 de la même rue se dresse l’un des piliers du quartier, le Mulberry Street Bar, autrefois appelé Mare Chiaro, qui a servi de décor au Parrain III. Si l’on s’aventure hors de Manhattan, on regardera Ellis Island comme le point d’arrivée du jeune Vito à New York, et l’on peut même aller jusqu’à Staten Island qui abrite au numéro 110 de Longfallow Road la maison familiale de la famille Corleone.


mercredi 18 mai 2011

Brooklyn walls






lundi 16 mai 2011

The Barber


Il est des coutumes qui nous semblent désuètes, ayant presque disparu de notre paysage urbain. On s'amuse alors de les retrouver loin de chez nous, et particulièrement dans ce symbole de modernité qu’est la ville de New York.


C’est ainsi que le samedi soir, on aperçoit à travers les vitrines des coiffeurs de Brooklyn des petites filles à la tête perdue dans d’énormes casques de mise en plis. Le dimanche matin, à Harlem après la messe, c’est au tour des hommes de prendre d’assaut les salons de coiffure de quartier pendant que femmes et enfants endimanchés conversent sur les trottoirs. Un peu plus bas, dans l’Upper East Side, cravates et complets côtoient  robes de soie et talons vertigineux pour les brunchs chics dans les grands hôtels.

Et, ça et là dans Manhattan, les gentlemen rejouent des scènes du Parrain en s’asseyant dans la rue pour se faire cirer les chaussures, ou en prenant rendez-vous chez le barbier pour se faire tailler la moustache.
Mathieu avait opté pour un rendez-vous à la New York Shaving Company samedi matin. Accueillis par un homme à la barbe sophistiquée, montre à gousset accrochée au gilet, nous nous sommes vus proposer un whisky (en fin de matinée…) avant que Mathieu ne prenne place dans un impressionnant fauteuil de barbier, pour une heure d’un rituel d’un autre temps : serviettes chaudes et glacées, pommades à répétition, coupe de cheveux et rasage dans les moindres détails.


Fascinée, mais frustrée que de tels lieux n’aient pas leur équivalent pour la gent féminine, j’ai fini par passer l’après-midi dans un nail bar –expérience bien moins traditionnelle mais tout aussi new yorkaise…

vendredi 13 mai 2011

Sunny Afternoon



jeudi 12 mai 2011

Alexander McQueen - Savage Beauty



2011, année McQueen. Le mois d'avril s'achevait sur le spectaculaire mariage de William et Kate, cette dernière révélant le jour même que sa divine robe "Grace Kellyienne" était l'oeuvre de Sarah Burton, créatrice officiant à la tête de la maison Alexander Mc Queen depuis la mort du couturier.
Et mai commença avec un gala spectaculaire au Costume Institute du Metropolitan Museum of Art, inaugurant autour d'un parterre de célébrités une rétrospective déjà qualifiée d'exposition de mode la plus ambitieuse jamais réalisée.

Ensemble, A/H 2010-11


Plus de 100 tenues et 70 accessoires entendent retracer les dix-neuf années de carrière du couturier anglais, qui a mis fin à ses jours en février 2010, quelques jours avant la présentation de sa dernière collection. 
On pénètre l'univers profond et sombre de cet artiste torturé, car oui, Alexander Mc Queen était bel et bien un artiste, utilisant la mode comme moyen d'expression. 
Ses défilés, véritables spectacles émanant d'une imagination débordante et aboutissant à de véritables mises en scène théâtrales en étaient déjà une preuve tangible : parmi les plus marquants, on retiendra la collection P/E 2005, "It's only a game" où les mannequins se déplacent au gré d'instructions robotiques sur un échiquier géant, ou la collection P/E 1999 se terminant par le solo de Shalom Harlow effrayée, tourbillonnant entre deux robots aspergeant de peinture sa robe blanche virginale.


L'exposition a ce mérite immense de rappeler le contenu de ces performances inoubliables ; un contenu qui s'avère non seulement sublime, mais qui ne se contente pas de son simple intérêt esthétique. Alexander Mc Queen a repoussé les frontières de la mode, il l'a questionnée, il l'a utilisée pour mener des réflexions sur la culture, l'histoire, la politique, ou l'identité. Une salle est consacrée à son "nationalisme romantique", présentant les collections "Widows of Culloden" et "Highland Rape", variations entre autres sur le thème du tartan et réflexion sur son héritage écossais, faisant face à la très poétique collection A/H 2008-09 "The Girl who lived in the tree", expression de sa fascination pour l'histoire anglaise.


"The Girl who lived in the tree",  A/H 2008-09, Copyright © 2000–2011 The Metropolitan Museum of Art. All rights reserved.

On déambule dans cette mise en scène comme dans une maison fantastique. La première pièce, inspirée du premier atelier de McQueen à Hoxton Square, nous offre une vision relativement austère du travail de l'artiste. Un décor brut accueille fraîchement une série de vêtements mettant en relief son savoir-faire technique de créateur. McQueen a commencé comme tailleur à Savile Row, et il lui tenait à coeur de maîtriser les techniques de coupe et de construction du vêtement, de manière à pouvoir adroitement les remettre en question.

Copyright © 2000–2011 The Metropolitan Museum of Art. All rights reserved.

Alexander McQueen aimait se définir comme l'Edgar Allan Poe de la mode. La pièce suivante, "Romantic Gothic", honore l'hommage que le créateur se faisait à lui-même : tapissée d'immenses miroirs piqués évoquant "La Chute de la maison Usher", elle présente des robes flirtant avec le macabre, sur lesquelles flotte un parfum de mort, telle cette robe de cuir et plumes épaulée de squelettes d'oiseaux.


"Eclect Dissect", A/H 1997-98, Copyright © 2000–2011 The Metropolitan Museum of Art. All rights reserved.


On pénètre ensuite dans un véritable cabinet de curiosités, ce qui fait entièrement sens au vu de son contenu, exclusivement issu des collections Alexander Mc Queen, ensemble d'accessoires fétichistes réalisés en collaboration avec Philip Treacy ou Shaun Leane pour ne citer qu'eux. On y croise un corset entièrement couvert de moules, des boucles d'oreilles plus grandes que le visage, des bijoux de mâchoire, et les mythiques prothèses de bois sculpté réalisées spécialement pour le mannequin Aimee Mullins, amputée des deux jambes, qui défila pour la collection P/E 1999.


Aimee Mullins, P/E 1999

Le fil conducteur de l'exposition, le romantisme byronien du créateur, s'exprime pleinement dans les salles suivantes, "Romantic Exoticism" et "Romantic Primitism".
Dans la première est dépeinte sa fascination pour les autres cultures, et se détache notamment son profond intérêt pour le Japon à travers une série de kimonos revisités. Mais une fois de plus, sa démarche va plus loin, et on la comprend à travers ses propres mots : "Je veux être honnête sur le monde dans lequel nous vivons, et mes convictions politiques transparaissent parfois dans mes créations. La mode peut être raciste, considérant les vêtements d'autres cultures comme des costumes... C'est banal, dépassé. Il faut faire tomber les barrières."


"It's only a game",  P/E 2005, Copyright © 2000–2011 The Metropolitan Museum of Art. All rights reserved.


Dans la seconde, il glorifie l'état de nature, et l'oppose délibérément à la civilisation. Son message passe notamment par une combinaison de latex dont il fait une déclaration sur la famine, par une robe-manteau confectionnée en cheveux, une autre en crin de cheval, et par une métaphore filée du règne animal, de la loi de la jungle qu'il semble vouloir appliquer à la vie humaine : "Dès que [l'animal] naît, il est déjà presque mort ; si vous avez de la chance, vous vivez quelques mois de plus, et c'est ainsi que je considère la vie humaine, tout le monde peut disparaître en un clin d'oeil, vous êtes ici, vous n'êtes plus là l'instant suivant... C'est la jungle !"

"Eshu", A/H 2000-01

Cette dernière affirmation prend un caractère prophétique au regard de la disparition brutale du créateur l'an dernier. Et c'est cette singulière atmosphère qui plane au dessus de l'ensemble de l'exposition, comme si toute son oeuvre avait été une préparation de sa propre mort, comme si Mc Queen nous livrait, par les vêtements qu'il créait, un peu de son âme et de sa mélancolie, comme s'il était présent et qu'il avait lui-même mis en scène ce magnifique hommage.


Alexander McQueen - Savage Beauty, Metropolitan Museum of Art, du 4 mai au 31 juillet 2011

mardi 10 mai 2011

Brooklyn Flea Market #2









dimanche 8 mai 2011

Un dimanche à Brooklyn



Dimanche matin, nous avons eu envie de sortir de Manhattan. Nous nous sommes embarqués dans le métro, direction Brooklyn et plus précisément le quartier très branché de Williamsburg, où se tient chaque week-end un marché aux puces fort sympathique. "Une des meilleures expériences urbaines de New York" selon le New York Times, le Brooklyn flea market est effectivement un parfait biais d'immersion dans la vie des hipsters qui peuplent de manière quasi exclusive cet ancien terrain vague reconverti en parc avec vue sur la skyline de Manhattan.
On y croise beaucoup de barbus, un paquet de grosses lunettes, un régiment de poussettes, un festival de chemises à carreaux...


Mais surtout, on se régale de la marchandise proposée, à des prix bien plus raisonnables que ceux, prohibitifs, de nos puces parisiennes ; si le problème de la traversée de l'Atlantique ne se posait pas, nous aurions bien ramené une petite chaise d'enfant en bois (30$), un tableau très Hopper (60$), des photos anciennes (20$), et bien d'autres choses...


Une petite partie du marché est consacrée aux plaisirs des papilles ; après avoir souri des dégaines ultra-branchées des vendeurs de fromage ou de donuts, on s'offre une pizza blanche et un cannelé et on va pique-niquer au milieu des Brooklyners dans l'East River Park qui occupe les anciens docks.


vendredi 6 mai 2011

The Police



jeudi 5 mai 2011

Little Asia


A Paris, il est nécessaire de fournir d’épuisants efforts pour trouver un restaurant chinois servant autre chose que les mêmes rouleaux de printemps insipides que ses voisins, ou un restaurant japonais tenu par des Japonais et qui ne propose pas les très français yakitori au fromage…
C’est une tout autre histoire à New York, où de petits restaurants asiatiques sans prétention proposent à des prix très abordables une cuisine authentique et raffinée.

Par le plus heureux des hasards, cherchant un restaurant simple pour dîner à proximité de l’hôtel, nous sommes tombés sur Nada-Sushi, petit établissement tenu par une équipe de Japonais aux petits soins pour les clients. On peut dîner au comptoir et admirer le chef confectionner avec le sourire sushis et rolls, pendant que l’on se régale de savoureux noodles accompagnés de succulents gyoza.

A peine plus loin, et aiguillés cette fois par notre cher guide Michelin, nous avons adoré un autre Japonais, Seo. Un cran au dessus de Nada-Sushi, Seo propose des noodles à la texture parfaite, des tempuras d’une finesse remarquable, et quelques petites délicieuses originalités, telles que le Chawanmushi –une crème d’œufs soyeuse, ou le tofu légèrement grillé enrobé d’une exceptionnelle sauce miso. Sa réputation se propageant à vitesse grand V, il est indispensable de réserver si l’on arrive après 19h30.

On fait le déplacement à l’ouest pour Cho Dang Gol, qui porte le nom d’un village de Corée du Sud connu pour son délicieux tofu. C’est justement la spécialité de ce chaleureux restaurant de Midtown aux grosses tables de bois rustiques et à la décoration traditionnelle. Au milieu d’une clientèle exclusivement coréenne, on se régale avec les croustillants pancakes de pomme de terre agrémentés de tofu, de porc et de légumes.

Enfin, Radiance Tea House offre une oasis de sérénité dans la trépidante Midtown. Comme dans une maison de thé traditionnelle, on y respire les fragrances des infusions qui se répandent dans l’atmosphère, on passe un moment à flâner dans le coin librairie pour admirer l’étonnante sélection d’ouvrages consacrés à la cérémonie du thé, on choisit un cru, avec ou sans théine,  parmi les quelques 150 références proposées à la carte, et on accompagne son breuvage d’exception d’un assortiment de dim-sums aussi bons qu’à Hong Kong.

Nada Sushi : 135 East 50th St (entre Lexington et la 3ème avenue)
Seo : 249 East 49th St (entre les 2ème et 3ème avenues)
Cho Dang Gol : 55 West 35th St (entre les 5ème et 6ème avenues)
Radiance Tea House : 158 West 55th St (entre les 6ème et 7ème avenues)

mercredi 4 mai 2011

Le Grand Bouleversement


En 1911, lorsque Vassily Kandinsky et Franz Marc fondèrent le groupe Der Blaue Reiter (Le Cavalier Bleu), ils prédisaient un tournant décisif dans la production artistique. L’exposition « The Great Upheaval : Modern Art from the Guggenheim Collection, 1910-1918 » entend illustrer le propos des deux artistes et le démontre littéralement dès le premier tableau exposé, La Montagne Bleue, de Kandinsky, mettant en scène des cavaliers galopant vers la modernité.

Vassily Kandinsky, La Montagne Bleue, 1908-1909

L’avant-garde artistique de l’époque s’est intéressée et adaptée à l’évolution rapide des métropoles et de la structure urbaine dans les années d’avant-guerre. Le cubisme a affirmé son succès en France et initié de nouvelles perspectives en Italie et en Russie ; l’expressionnisme a fait son chemin en Allemagne et en Autriche. L’exposition, à travers une centaine d’œuvres issues des collections du musée à New York et à Venise, entend illustrer le dynamisme esthétique de cette période marquée par la progression des artistes vers l’abstraction à mesure que l’on s’approche du grand bouleversement causé par la grande guerre.

Marc Chagall, La Maison brûle, 1913

Les commissaires de l’exposition ont disposé de la totalité de la spirale ascendante du musée conçu par Frank Lloyd Wright en 1959, et l’ont occupée de manière chronologique. Cette approche lisible facilite le travail du spectateur qui se laisse aller paisiblement au gré de l’avancement des années ; elle entame cependant à plusieurs reprises la cohérence visuelle de l’exposition, lorsque des œuvres que l’on aimerait voir juxtaposées se retrouvent éloignées en raison des quelques années qui les séparent ; c’est le cas notamment de deux tableaux de Robert Delaunay ayant pour sujet la Tour Eiffel, peints tous deux en 1911, mais dont le premier a été faussement daté par l’artiste de 1910 de façon à renforcer son statut de précurseur.

Robert Delaunay, La Tour Eiffel, 1911

L’exposition ne cache pas sa double mission : présenter cette période artistique particulièrement innovante et fertile, mais également mettre en valeur les chefs-d’œuvre d’art moderne composant la collection du Guggenheim. C’est ainsi que Kandinsky, Marc ou Mondrian semblent rythmer l’exposition de leur présence presque continue, tandis que l’on a le sentiment de rencontrer presque accidentellement un nu de Modigliani dialoguant avec un portrait de femme de Matisse (la superbe Italienne) ou, plus loin, le chariot volant de La Maison brûle de Chagall et le surprenant Train de la Croix Rouge traversant un village de Gino Severini. L’exposition s’achève sur les années de guerre, par l’œuvre d’Ernst Ludwig, Les Artilleurs, pessimiste prophétie sur l’avenir proche d’une Europe bouleversée.

Gino Severini, Train de la Croix Rouge traversant un village, 1915

The Great Upheaval, Modern Art from the Guggenheim Collection, 1910-1918, au Musée Guggenheim de New York jusqu'au 1er juin.

lundi 2 mai 2011

Sunday Morning





Dimanche matin, à Central Park