vendredi 7 mai 2010

Miscellanées shanghaiennes



Epoustouflante, grisante, écœurante, étourdissante… Shanghai génère chez celui qui la découvre une palette d’émotions contradictoires.Mes impressions encore fraîches se bousculent, voici quelques échantillons des plus marquantes.

Shanghai, ville sonore par excellence, parcourue d’une rumeur permanente. Ici, on parle fort, on hausse la voix, on n’hésite pas à crier pour se faire entendre, on hurle de rire. Conduire est synonyme de klaxonner, et appuyer -forcément généreusement- sur le klaxon ne signifie pas « attention danger » mais « pousse-toi, je suis derrière toi et je suis plus gros que toi » ; la circulation étant plus que dense, la valse des klaxons dessine le paysage sonore de la ville.Les travaux ne connaissent pas de limites, des tours toujours plus hautes se dressent en quelques semaines, des maisons disparaissent en quelques heures, et les marteaux piqueurs ne connaissent aucun répit.



Bizarreries et idées reçues confirmées : qu’ils soient hommes ou femmes, riches ou pauvres, vieux ou jeunes, les Chinois rotent, se raclent la gorge au plus profond, crachent. Les bébés ne portent pas de couche et font tous pipi sur le trottoir. Les cours des immeubles sont équipées de vélos d’appartement multicolores destinés à préserver la santé des personnes âgées. De nombreux Shanghaiens sortent en pyjama, signe extérieur de richesse prouvant qu'ils ont les moyens de s'acheter des tenues d'intérieur. Des fils de fer sont tendus en hauteur sur tous les trottoirs et les rues sont envahies de linge qui sèche et de literie qu’on aère. Enfin, les Chinois des quartiers et des campagnes adorent les Françaises, sont en admiration devant, je cite, leur « petit menton, la finesse de leur visage, la ligne de leurs jambes » ; on apprécie le compliment, et on les remercie en acceptant de poser avec eux pour leur photo souvenir.



Aux abords du site de l’exposition universelle –une véritable ville dans la ville- des murs de brique grises se sont dressés en quelques semaines à moins d’un mètre de l’habitat traditionnel ayant survécu aux vagues de destruction massive liées à l’événement ; ces minuscules bicoques sont effacées du paysage, on a littéralement caché la misère.Si la ville est en apparence baignée de lumière, ses citoyens les moins chanceux sont en contrepoint plongés dans l’ombre.

Dans la vieille ville, tout se passe à l’extérieur. Devant les petites maisons délabrées miraculeusement rescapées de la building mania, on cuit la viande, on plume les canards, on fait la lessive, on joue au mah-jong, on vend des noodles dans des sacs plastiques ; on circule à pied parmi les vélos, les scooters électriques et autres charrettes surchargées, dans un brouhaha étourdissant. Shanghai l’historique se déploie sous nos yeux.


A l’opposé, le Bund. Cette promenade mondialement connue attire le badaud venu exclusivement pour se faire tirer le portrait devant un arrière-plan cinématographique.



La nuit tombe, et Shanghai se mue en ville lumière : des écrans géants de la taille des immeubles se parent de logos clignotants, la flotte touristique remonte le fleuve, éclairée de milliers de couleurs, les mythiques buildings taquinent le ciel noir de leurs antennes scintillantes.



Un immense xièxiè à Aurélie, devenue une vraie petite Shanghaienne, pour son accueil, sa vision si personnelle de Shanghai, et ses commentaires éclairés qui m'ont bien aidée à capturer la ville.

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