De l’autre côté de la baie, Kowloon se dessine, et rattache Hong Kong au continent chinois. Son nom vient du cantonais gau lung, neuf dragons, qui, selon la légende occupaient chacun des huit pics dominant la péninsule -le neuvième dragon étant l’empereur Di Ping, initiateur de la légende.
On rejoint Kowloon depuis Hong Kong Island par le Star Ferry, un gros bateau vert et blanc qui nous rappelle d’emblée que cette ville a un passé ; on se laisse piloter par des petits marins à la tenue très APC, et on admire le paysage, les immenses immeubles de Hong Kong Island s’éloignant et laissant deviner les pics montagneux qui les encerclent.
Le débarquement met fin brusquement à cette douce escapade : arrivée à Tsim Sha Tsui, quartier bouillonnant où il est difficile de se frayer un chemin parmi les petits vendeurs de contrefaçon, les tailleurs qui vous haranguent depuis le trottoir, et tous les rabatteurs officiant pour les multiples restaurants et salons de massage du coin. A quelques encablures de là, le grand luxe occidental et le mythique hôtel Peninsula semblent se jouer de cette effervescence.
Ce soir-là, après un essayage chez un tailleur de Mody Road qui nous avait été recommandé, nous avions projeté de dîner dans un restaurant pékinois de la même rue. Le concierge de l’hôtel avait eu l’air très étonné quand je lui avais demandé le matin même de réserver une table chez Spring Deer, avant de me rassurer en me disant que c’était un lieu fort sympathique et très apprécié pour sa cuisine.
Nous y sommes, un panneau lumineux perdu parmi ses semblables nous indique que le restaurant se trouve au premier étage ; il nous faut traverser une boutique tout en longueur dont l’aimable gérant veut absolument nous vendre indifféremment cravates, pochettes en soie, jeux de tarot, tenues traditionnelles pour bébés, étuis à rouge à lèvres… Il a gagné, j’achète des cartes postales –un bien qui se fait rare à Hong Kong- et mon cher mari qui ne fait pas dans la demi-mesure repart avec une dizaine de cravates !
Après l’ascension d’un escalier pas très avenant, nous pénétrons enfin au Spring Deer ; ici, point de touristes, nous sommes installés entre une tablée de chics autochtones fêtant joyeusement un anniversaire, et un groupe d’hommes en costume à qui l’on ne cesse d’amener plats et bouteilles. La salle est recouverte d’un papier peint défraichi digne d’une cuisine des années 1960, l’air conditionné mal réglé nous glace, impossible de se faire comprendre par le sympathique vieil homme à l’allure un peu comique qui nous sert (il nous affirme que le Chardonnay que nous voulons commander est à la fois Français et Australien), ni par l’hilarante serveuse avec qui nous parvenons à plaisanter par gestes et mimiques interposés. Mais qu’importe, la magie opère, et l’endroit est incroyablement convivial.
Nous commandons sans réfléchir le Peking duck, la spécialité que les deux chefs du Spring Deer font rôtir pas moins d'une centaine de fois chaque jour. Quelques minutes après, le commis découpe sous nos yeux un canard entier plus qu’appétissant, que nous dégustons sur de petites crêpes, agrémenté de concombre tranché et d’une succulente sauce sucrée, arrosé d’un très bon Chardonnay -finalement Australien.
Un succulent canard, du bon vin, un service chaleureux, des prix très raisonnables ; ce restaurant de plus de quarante ans a été couronné d’un « bib gourmand » par le guide Michelin, et il le mérite bien !
Petit film tourné au Spring Deer (zommez/agrandissez la taille
de votre écran pour le visionner plus nettement)
Spring Deer
1F, 42 Mody Road
Tsim Sha Tsui
Kowloon
J'ai eu la chance de déguster un canard pékinois pour la première fois à Pékin, miam! Restaurant qui a l'air très sympa!! Bravo pour la vidéo qui nous donne un apperçu de l'ambiance.
RépondreSupprimerVoilà un paquet d'expériences que vous n'êtes pas près d'oublier! que de contrastes! très drôle, le petit film presque en direct, et les touristes que vous êtes, encore, semblent vraiment bien accueillis!
RépondreSupprimerOui, ambiance très sympathique, et effectivement, nous sommes très bien accueillis de manière générale, et particulièrement dans ces endroits assez peu fréquentés des touristes. C'était très amusant de faire ce petit film, et surtout d'assister en direct à la confection des pancakes au canard par Mathieu (qui a fait beaucoup de progrès au fil du dîner ceci dit !)
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